Bactéries versus virus

Par: Marie-Andrée Sylvestre, M.Sc. Microbiologiste.

L’année 2020 sera sans aucun doute l’année du coronavirus. Ce virus qui a fait le tour de la Terre en moins de quelques mois et qui aura paralysé une planète au complet marquera certainement l’histoire. Et comme chaque fois qu’un nouveau virus émerge, la course au vaccin est lancée afin de trouver la bonne formule qui permettra de nous immuniser contre cette attaque. Les vaccins sont des préparations d’anatoxines ou de microorganismes tués, inactivés ou atténués qui ont la propriété de créer une immunité active chez un hôte acquise de façon artificielle. Lorsque le microorganisme entre dans l’hôte, son système immunitaire est déjà armé pour le combattre. En effet, lors d’une infection, le système immunitaire développe des antigènes spécifiques qui lui permet de se protéger lors d’une infection ultérieure par exactement le même microorganisme. La vaccination c’est donc d’obliger le système immunitaire à se protéger contre une éventuelle infection par un virus.

Photo: Nicolas Joubert

De nombreux vaccins ont fait leurs preuves en irradiant presque totalement des maladies autre fois mortelles telle que la dyphtérie et la tuberculose. Le traitement par vaccination ce fait en amont de l’infection, ce qui est contraire aux traitements par antibiotique ou par antiviraux qui sont utilisés en aval lors d’une infection. Mais contrairement aux antibiotiques, la mise au point et l’efficacité des antiviraux est complexe et difficile. Les bactéries et les virus sont deux microorganismes complètement différents, principalement dans leur mode de reproduction, leur façon d’infecter un hôte et leur enveloppe.

Photo: https://www.antibiotique.eu/leur-fonctionnement.html

Les bactéries sont des microorganismes unicellulaires entourées d’une capsule (glycocalyx), d’une membrane plasmique (phospholipides) et d’une paroi cellulaire (peptidoglycanes, lipopolysaccharide spolymères de glycoles etc..). Elles possèdent les deux types d’acide nucléiques (ARN et ADN), et se divisent par fission binaire. Leurs structures sont complexes et contiennent tous les éléments nécessaires à leur reproduction. Les bactéries sont donc considérées comme des vivants alors que ce n’est pas le cas pour les virus. Ces derniers possèdent une coque protéique qui détermine la morphologie et qui joue un rôle lors de la pénétration d’un virus dans une cellule hôte. Ils ne possèdent qu’un seul type d’acide nucléique (ARN ou ADN) et se reproduisent uniquement à l’intérieur d’une cellule hôte vivante. Puisqu’ils ne possèdent pas de structure enzymatique capable de produire de l’énergie et synthétiser leurs propres protéines, ils doivent détourner le métabolisme de la cellule hôte à leur avantage. C’est pourquoi la mise au point d’antiviraux est complexe puisque la plupart des médicaments qui empêcheraient la multiplication virale agiraient également sur le fonctionnement de la cellule hôte.

Les infections bactériennes courantes telles que les otites, les bronchites, les pneumonies etc.. peuvent donc être traitées par des antibiotiques. Par contre, lors d’une infection virale telle qu’une grippe, un traitement par antibiotique n’est nullement efficace, le traitement par vaccination arrive trop tard et le traitement par antiviraux peut commun. Maintenant lorsque vous aurez une « vraie grippe » et que votre médecin vous dira d’aller au lit et boire beaucoup d’eau, vous comprendrez qu’aucun traitement ne sera plus efficace que ces recommandations!